Les Bonheurs X de Sophie Le parfum - partie 2
Deuxième partie
Sophie toute pimpante s’active dans la cuisine. Philippe la rejoint.
— Bonjour nounours. Tu as trouvé ce qu’il te fallait dans la salle de bain ?
— Oui je te remercie.
— Café, thé ou chocolat ?
— Un café s’il te plait. Avec deux sucres. Je vois que tu as du pain. Si tu as du beurre et de la confiture se sera parfait.
— Oui bien sûr. Tu sais, je suis impatiente de voir ce salon. Tous les ans, quand je vois la pub dans le métro ça m’intrigue. A chaque fois je me dis que j’irais bien y faire un tour. Et puis les jours passent et je fini par oublier. Mais aujourd’hui grâce à toi c’est différent.
Philippe sourit.
— C’est surtout grâce à toi Sophie.
— Mmmoui et surtout ton parfum
Eclats de rires.
— On va comment au Bourget ?
— Le mieux c’est le RER. Avec une voiture on va galérer pour se garer.
— Ok alors on termine le petit déjeuner et on y va.
Philippe a déjà son billet d’entrée VIP. Ce billet lui sert de coupe file. Il en profite pour en acheter un pour Sophie sans attendre son tour dans une file déjà longue.
— On a bien fait de venir à la première heure. Tu as vu le monde. C’est impressionnant.
— Oui. Une belle queue à l’entrée du salon de l’érotisme. Le programme s’annonce bien.
Philippe rigole de bon cœur.
Une grande banderole colorée en rose et bleu affiche sans complexe le nom du salon et une bienvenue. Des jeunes femmes à la plastique superbe distribuent des programmes aux personnes qui entrent. Sophie en prend un et le lit à haute voix.
— Alors voyons voir. 11h00 Pole dance seins nus - grande seine. Pour les garçons. 11h30 Streap-tise masculin / petit théâtre. Pour nous les filles. 13h00 concours des plus belles fesses / grande seine. Je suppose que c’est de la fesse de filles. Donc pour les garçons. 14h30 Fuck me ! / Grande seine. Ça c’est pour les filles et les garçons et je veux voir. 16h00 ouvert aux VIP et sur inscription seulement. Participer au tournage du film ‘GLORY HOLE FOR ALL’ - petit théâtre. Pour les inscriptions rendez-vous aux productions Q Prod. Allée J stand 69. Places limitées.
— Nounours on va chez Q Prod pour nous inscrire ?
— Humm. Tu veux tourner ?
— Non. Mais peut-être que l’on peut voir comment se passe le tournage. Allez vient ! On va se renseigner. Puisqu’on est ici autant en profiter.
— Ok, je te suis. Mais c’est tout ? Après 16h00 il n’y a plus rien ?
— Attends je regarde. Si 17h30, carré VIP. Champagne et dédicaces avec vos acteurs et auteurs favoris.
Dans les allées du salon les gens se croisent avec nonchalance devant les stands qui mettent en avant des produits érotiques en tous genres. Actrices supers sexys chez les petits ou gros producteurs de films pornos. Ici, les fans patientent parfois plus d’une heure pour obtenir un poster signé ou faire un selfie avec leurs stars fétiches. D’autres stands se suivent et se ressemblent plus ou moins dans leurs propositions en vibromasseurs et godes en tous genres. Sophie s’arrête devant l’un d’entre eux, intriguée.
— Nounours ! Regarde cette bite ! On dirait une vraie ! Non mais regarde comme elle bouge. C’est incroyable.
Une vendeuse qui observe le couple s’approche et prend la parole.
— Ce petit joujou est une merveille de technologie. Il a nécessité deux ans de recherche et développement. Il bouge et réagi comme un vrai sexe d’homme. Regardez ici, c’est le même modèle mais au repos. Tout rabougris.
— Ah ouuiii. Génial ! Tu vois nounours ?
— Oui, oui, je vois.
— Et maintenant, regardez. Je le touche un peu. Et hop ! Le voilà qui se dresse doucement en gonflant.
— Wouuaahhh. C’est dingue.
— Il y a cinq moteurs miniatures et deux pompes à air comprimé pour donner vie au corps de ce sexe. Et cerise sur le gâteau une pompe pour l’éjaculation. Je vous passe les détails sur les capteurs.
— C’est dingue ! Et sa éjacule quoi ?
— Un lubrifiant aromatisé. Vanille, fraise ou citron. Testé et approuvé par l’association dermatologique de France. Ce produit est garanti cinq ans ou deux mille heures d’utilisations.
— Deux mille heures. Ça en fait des orgasmes. Tu en penses quoi nounours ?
— Hummm, j’apprécie l’aboutissement technique. Mais en tant qu’homme cette chose m’inquiète. Si pour jouir, les femmes ont des moyens de plus en plus sophistiqués à leurs dispositions, elles n’auront plus besoin de nous.
— Oh tu es trop choux ! Mais non nounours, on aura toujours besoin de vos bras ou nous blottir pour nous y endormir. Et en hiver, on les met où nos pieds glacés ? T’inquiètes pas ce joujou n’est pas près de vous remplacer dans nos vies. Il va juste prendre une petite place dans un tiroir.
Philippe sourit en se demandant si avant de se blottir dans les bras des hommes pour s’endormir, les femmes auront pris leur pied avec la vraie ou la fausse bite.
— Et combien ça coute ?
— Cette pure merveille technologique est à 1.500 euros.
— Ah oui quand même !
— Le prix de la technologie. D’un orgasme garanti à chaque utilisation. Ne le prenez pas mal monsieur, mais les hommes en général sont plus à l’écoute de leur propre jouissance que de c’elle de leur partenaire.
Philippe apprécie modérément le propos de la vendeuse. Et lui répond avec une pointe d’ironie.
— Peut-être que vous n’avez pas eu de chance dans vos rencontres jusqu’à présent ?
— Nounours, tu exagères. De toutes façons c’est trop cher pour moi. Mais je vais suivre l’évolution des prix. Peut-être qu’un jour ce sera dans mes moyens ?
— En attendant tu peux toujours te consoler en te disant que je fais la même chose pour une bière. Mais le gout fraise, je ne le garantis pas.
Sophie rigole.
— De toute façon je n’aime pas la fraise. Merci beaucoup madame pour la démonstration.
— Avec plaisir. Bonne journée et bon salon.
En même temps qu’ils se dirigent vers le stand de Q Prod, Sophie continue de s’extasier sur ce qu’elle vient de voir. Philippe ne partage pas du tout le point de vue. Il a l’impression confuse que ce phallus hyper sophistiqué le met en danger.
Il y a déjà beaucoup de monde à l’entrée du stand Q Prod. Sophie trépigne.
— Mince ! Tu as vu le monde. On ne va pas pouvoir assister au tournage.
— Ce n’est pas grave, on va trouver autre chose à voir ou à faire.
— Attends j’ai une idée.
Sophie prend Philippe par la main et lui fait signe de la suivre au milieu des gens.
— Pardon, pardon, nous sommes acteurs. Nous avons besoin d’accéder au stand. Laissez passer. Merci !
Philippe se colle à Sophie.
— Tu ne manques pas d’air.
— Ma meilleure amie m’a appris que pour avoir ce que tu souhaites dans la vie, il ne faut pas attendre que cela vienne tout seul. Parce que cela ne viendra jamais. Pour avoir ce que tu désires, il faut aller le chercher.
Une hôtesse ouvre le cordon et laisse entrer Sophie et Philippe.
— Bonjour vous êtes les acteurs ?
— Non pas du tout. Nous souhaitons nous inscrire pour participer au tournage de cet après-midi.
— Ah excusez-moi j’avais cru comprendre autre chose. Vous avez vos badges VIP ?
L’hôtesse prend les inscriptions. Elle précise que pour le bon déroulement du tournage, il est interdit de faire du bruit. De rentrer dans le champ des caméras. Sauf si c’est pour participer au tournage. Elle indique aussi à Philippe que s’il souhaite passer derrière le mur pour offrir son sexe à l’une des actrices, il peut le faire sans problème. Il devra en informer le metteur en scène avant le début du tournage.
— Ba dit donc nounours, tu en as de la chance.
— Pourquoi Sophie ?
— Tu vas te faire sucer gratos par une pro.
— Ha ha, tu crois vraiment que je vais fourrer ma bite dans la bouche d’une nana que je ne connais pas ?
— On ne se connaissait pas hier soir. Et ta fourrer ta bite un peu partout chez moi.
— Oui, mais là c’est différent. Il y a plein de monde. En plus la nana aura peut-être épongée d’autres mecs avant moi. Beurk ! Pas question !
— T’es pas drôle nounours !
— Je sais. C’est ce que me disait mon ex. Et c’elle d’avant aussi.
— Et si c’est moi qui te suce le dard ?
— Heu, oui, là c’est différent.
— Bon. Problème résolu.
— Comment ça problème résolu ? Tu oublis les caméras. Ta tête sera sur tous les écrans du monde si tu me suces dans ce Glory Hole. Moi je serais caché par un mur. Mais pas toi.
— J’ai une solution. Un masque.
— Quoi ?!
— J’ai repéré un stand de vêtements en latex avant d’arriver ici. Ils ont des jolies choses sexys. Et des masques en tous genres. Vient on va voir.
Philippe bouche bée est complètement dépassé par la situation. Son cerveau ne répond plus. Il suit Sophie comme un chien suit son maitre. Sans savoir où il va. Mais avec une confiance aveugle envers celui qui le guide.
Sophie demande à l’homme qui tient le stand de vêtements en latex de lui présenter ses masques. Le vendeur sort trois modèles différents. Le premier est la réplique du masque que portait Halle Berry dans le film Catwoman de 2004. Il couvre la moitié du visage. Le second mélange dentelle noire et latex. Sobre et élégant celui-ci couvre aussi la moitié du visage. Le dernier est une cagoule intégrale en latex noir et brillant. Le visage, les oreilles et les cheveux sont cachés. Seul trois ouvertures permettent aux yeux, au nez et à la bouche d’être visibles. Deux longues couettes blondes tressées sortent par le haut de la cagoule.
— Lequel je prends ?
— Les trois sont sympas. Mais l’intégral me parait être celui qui te cachera le mieux le visage. En plus il est amusant avec ces couettes blondes.
— Mmmoui tu as raison. Ok je le prends.
Le vendeur, tente d’augmenter sa vente.
— Très bon choix. Mais j’ai une question pour vous.
— Oui ? Dite moi.
— Iriez-vous au travail pieds nus ?
— Evidemment non. Pourquoi ?
— Et bien pour le BDSM, c’est la même chose. Si vous allez à votre partie avec ce seul masque, c’est comme si vous alliez au travail sans chaussures. Il manque quelque chose.
— Ah je comprends. Et que dois-je ajouter pour avoir la panoplie complète ?
— Vous avez une jolie silhouette qu’il faut mettre en valeur. Cet ensemble noir d’une pièce en latex moulant avec fermeture éclair au niveau du sexe est top !
— Oui en effet. Je peux l’essayer ?
— Oui bien sûr. Nous avons une cabine. Mais vous devez garder vos sous-vêtements.
Sophie disparait dans la cabine d’essayage. Philippe regarde autour de lui et termine ce tour périscopique sur son programme. Alors lui revient à l’esprit ce qui l’intéresse. La réalité virtuelle et les jeux vidéo d’immersions pour adultes. Il repère sur le plan du salon l’endroit où il doit se rendre.
Sophie sort de la cabine. Elle se regarde dans la glace et se jauge dans cet ensemble en latex. Il moulle son corps parfaitement. Il met en valeur la silhouette généreuse mais bien proportionnée de Sophie. Elle se trouve belle et super sexy.
— Nounours ?
— Oui Sophie
— Tu en penses quoi ?
— Tu veux la version courte ou la version longue ?
— La courte.
— Bandante !
— Vraiment ?
— Super bandante !
— Je le prends ?
— Oui, sans hésiter.
Sophie règle son achat. Visiblement satisfaite de l’ensemble qu’elle vient de s’offrir.
— Et toi nounours tu ne t’achètes pas un petit souvenir ?
— Mon plus beau souvenir, je l’ai devant moi.
— Tu es l’amant parfait.
— Sophie. Il faut que j’aille voir le stand du Virtual Xperience.
— Ah oui. C’est quoi ?
— Tu te souviens, je t’ai dit hier que je cherchais un éditeur de jeux vidéo pour adultes.
— Ah oui ! Ça me revient.
— J’ai codé un jeu et je souhaite leur présenter.
— Et bien on y va.
— Sophie, ne le prend pas mal, mais je préfère m’y rendre seul. Je suis très pudique en ce qui concerne mon travail. Et aussi un peu superstitieux. J’ai l’impression que si je divulgue trop tôt mes créations, elles ne verront pas le jour.
— Je comprends. C’est vrai que les créatifs sont un peu bizarres de temps en temps.
— On peut le voir comme ça.
— Ok on se retrouve pour le Glory Hole ?
— Oui, on se retrouve là-bas.
Sophie regarde Philippe s’évaporer dans la foule des visiteurs. Il prend le chemin du stand qui l’intéresse. Son cœur bat à cent à l’heure. Il a travaillé de nombreuses heures sur son projet. Le soumettre aux regards des autres est un exercice qui le rend fébrile. Même s’il a le sentiment d’avoir donné vie a quelque chose de bien, il sait que son avis ne compte pas. Seul celui des producteurs et surtout des joueurs comptent vraiment.
Le stand Virtual Xperience a fière allure. A un mois de Noël il arbore les couleurs du Père Noël. Rouge et blanc. Des écrans placés en hauteur diffusent le spot de démonstration du jeu d’immersion. Des casques de réalités virtuelles sont en accès libre. Des hôtesses expliquent aux visiteurs comment fonctionne l’appareil. Dans un caisson sous verre bien éclairé, trône au milieu du stand l’équipement complet. Le casque avec écouteurs, le petit boitier de connexion au réseau. Avec en plus pour les femmes un système de gode coulissant et pour les hommes un vagin en silicone massant.
Il y a du monde. Autant d’hommes que de femmes. Ceux qui essaient le casque n’hésitent pas à acheter le jeu. Ils sont nombreux à quitter le stand avec un bon de commande pour Noël. Philippe cherche du regard un responsable pour se présenter. Il repère un homme de petite taille en costume qui porte un badge du stand. L’homme regarde les chaussures d’une femme qui essaie le casque. Pour Philippe c’est un signe. Il prend son courage à deux mains et se dirige vers son interlocuteur.
— Bonjour monsieur.
L’homme de petite taille. Sans quitter du regard les chaussures de la jeune femme, lève une main en l’air.
— Un instant jeune homme.
— Oui bien sûr.
La jeune femme qui essaie le casque se dandine. Elle balance son corps imperceptiblement de gauche à droite. Elle se met parfois sur la pointe des pieds.
— Vous voyez jeune homme ces légers mouvements de corps ? Cela veut dire que cette femme prend du plaisir. Il ne lui manque plus qu’une pénétration pour toucher les étoiles.
La jeune femme retire le casque. Visiblement enthousiaste par l’expérience, elle passe commande du jeu avec tous ses équipements.
— En quoi puis je vous aider jeune homme ?
— Je m’appelle Philippe. J’ai codé un jeu pour votre Virtual Xperience.
— Bonjour Philippe je suis le créateur du Virtual Xperience. Présentez-moi votre jeu en quelques mots.
Philippe ne s’attendez pas à cette rencontre. Entrer en contact avec le créateur de l’entreprise qu’il vise le rend fou de joie et de crainte en même temps. Son pouls s’accélère.
— Mon jeu s’adresse à un publique masculin.
Philippe marque un temps d’arrêt pour observer le petit homme.
— Continuez.
— A une niche en particulier.
— Continuez.
— Le fétichisme.
— Lequel ?
— Le fétichisme des pieds.
— Vous avez votre jeu avec vous ?
— J’ai mon propre serveur. Je vous donne les codes d’accès si vous le souhaitez.
— Envoyez-les-moi sur mon mail s’il vous plait.
Philippe sort son smartphone. L’émotion le submerge. Il tremble un peu et peine à accéder à son répertoire.
— Calmez-vous jeune homme. Cela va bien se passer.
— Heu oui, monsieur. Excusez-moi je suis un peu fébrile.
— Lutingm@perenoel.ant
— Pardon ?
— Mon mail. Ce que je viens de vous donner est mon e-mail.
— Ah. Oui. Bien sûr. Tout en minuscule ?
— Vous faites allusion à ma taille ?
— Heu. Non non pas du tout. C’est…
— Ha ha ha. Je plaisante. Elle marche à chaque fois c’elle là. Oui tout en minuscule.
— Vous êtes farceur.
— J’aime bien rire. J’attends votre message. Au revoir Philippe.
Le petit homme retourne à ses casques. En particulier vers celui ou une jeune femme montée sur des talons aiguilles attends son tour.
Philippe explose de joie intérieurement. Sa bonne étoile n’a jamais été aussi luisante. Il écrit un mail avec tous les codes d’accès et l’envoie. Il quitte le stand et marche sans faire attention ou il va. Il redescend de son petit nuage et pense à son jeu. Il se remémore ses scénarios. Il repasse mentalement toutes ses lignes de codes. Il scan tout pour la énième fois. Le sens de la perfection qui le caractérise, tant appréciée par ses employeurs, est un vrai supplice. Non pas tellement pour lui directement. Mais pour son entourage qui ne comprend pas toujours ses silences, ses absences et parfois ses sautes d’humeurs. Lorsque ses petites amies lassées de vivre avec un fantôme le quittent, sa qualité lui revient à la face comme un boomerang et le frappe alors comme un gros défaut. Il s’arrête et pense. Il donne toute l’énergie nécessaire à son cerveau pour réfléchir. L’espace et le temps semblent s’incliner face à lui. Son téléphone sonne et vibre dans sa poche. Il décroche.
Aidez ce petit cochon à rester en bonne santé.
Toi qui à les bourses en main. Lache une pièce ou deux si tu apprecie l'univers que je te propose.
Bises ! Louis Levalac
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